mardi 26 avril 2016

La crise de l'« habitat »


Nous marchons sur le chemin de la perdition mais avons parfois besoin de nous retrouver, alors nous nous rendons pour cela dans la Forêt où nous nous enfonçons encore davantage en fait, au fil de nos pas, dans le sentiment de comprendre toujours un peu mieux à quel point nous sommes perdus. Ainsi va la vie : on se perd d'abord puis on se perd davantage en voulant se retrouver... sans jamais se retrouver. Heureusement que bûcherons et forestiers s'y connaissent en chemins : ils nous indiquent où les chemins mènent au mieux, à savoir nulle part... Grâce à eux, nous sommes bien avancés. Merci ! Et l'Ennui étant le maître-mot du séjour en cette Forêt, nous faisons quelques efforts - littéraires, musicaux, spirituels, philosophiques - pour y pallier, invitant par là même le monde à suivre nos traces et nous rejoindre ici, où il n'y a rien à gagner... Quand serons-nous enfin prêts à accéder à ce sens enfoui sous les structures de "leur" Empire ? Quand pourrons-nous ainsi retourner sur les pas qui nous ont depuis jadis éloigné de notre Maison ? Puissions-nous un beau jour « habiter » à nouveau la Terre et nous libérer ainsi des affres de l'Ennui !

jeudi 7 avril 2016

La société courtisane...


La société (de consommation), cette femme-objet (de désir) qui se reflète en bonne hypocrite quand celle-là, d'un regard implacablement lancé sur tout ce qui s'exhibe devant elle au nom du Plaisir, renie ce qu'elle est en face du miroir dans lequel son reflet prude veille strictement sur elle ; ce qu'elle est, cette société ? Une courtisane excitante et jouissive à l'excès ! Ainsi, elle influe de bon cœur sur nos comportements d'un côté (en femme-objet) mais censure avec fermeté nos expressions de l'autre (en bonne hypocrite). Eh oui, elle est en droit de nous séduire et de nous pervertir avec ses formes aguicheuses - ô Publicité ! -, mais on n'est permis de toucher sa gracieuse étendue corporelle qu'en ne l'affectant pas de choses à caractère sensible, ou du moins qu'elle estime comme étant potentiellement dérangeantes. En cela, il faudrait donc que l'on jouisse de ce qu'elle expose à la lumière du dieu Profit sans que les expressions dont on se fait auteurs en conséquence des influences qu'elle a sur nous soient indélicates en regard de sa soi-disant - mais fausse ! - image vertueuse. Alors, comment résister face à cette courtisane irrésistible, à la fois d'attirance et d'autorité, qu'est la société (de consommation) ? Peut-être en brisant tous ces écrans qui masquent d'un désir virtuel le visage d'une liberté perdue depuis trop longtemps, qui sait...

samedi 2 avril 2016

Le Progrès, ou la montagne rêvée


À quoi bon nous arrêter sur la question de savoir à quelle fin nous existons lorsqu'on ne sait même pas "voir" de quelle façon nous nous comportons dans notre existence (à savoir ici dans notre rapport à ce qui nous entoure), en regard de la cause éthique/morale ? Et ce n'est pas parce qu'on a une qualité (pour quelque chose) à développer qu'il faut n'avoir à l'esprit que d'atteindre le sommet de son développement ; mieux vaut parfois gravir la montagne avec prudence et soin pour éviter des dommages autant que faire se peut. C'est du moins notamment de cette façon-là que nous devrions nous comporter dans notre rapport au Progrès, cet effort incessant d'élever les sols sur lesquels notre empire repose aussi haut qu'une montagne rêvée, à force d'imagination, de travail et de savoir.

Mais concernant cet idéal du Progrès, si les risques encourus peuvent être perçus "de loin" comme étant trop importants pour valoir la peine d'être pris dans l'idée de parvenir à notre fin, mieux vaut dans ce cas nous défendre de réduire la distance qui nous maintient à l'écart de ces risques afin d'éviter qu'il soit trop tard pour avoir encore le choix de ne pas les prendre, et cela peu importe où nous nous situons sous le sommet de cette montagne auquel nous rêvons de toucher. Car, en effet, nous avons beau vouloir viser un bien, voire le plus grand bien possible, en montant dans les hauteurs de celle-ci, tout ce que nous laissons pendre derrière nous est une chaîne folle à quoi nous tenons sans aucun frein ni pour redescendre ni, puisqu'ainsi nous craignons de rester immobile, pour continuer de monter. 

Alors, craignant l'immobilité plus que l'élévation, nous continuons de gravir la montagne en vue de parvenir à ce bien pour lequel nous prenons donc de sérieux risques d'impacter ce qui nous entoure de certains maux inconsidérés. Et même quand ces maux, de par leur ampleur, remettent en question le bien-fondé du but que nous visons, cela ne nous empêche pas de nous sentir devoir encore et toujours grimper vers le sommet de cette montagne en laissant derrière nous s'échapper, sous chaque niveau d'avancée auquel nous parvenons, ce produit dégradant de fait humain - ô fléau sans nom du Progrès ! - qui affecte de mille façons les roches dans lesquelles nous avons formé notre idéal... et au sommet desquelles nous voudrions pourtant l'atteindre ! Ou l'art fascinant de détruire en créant... 

Voilà pourquoi il nous faut apprendre à "voir" de quelle façon nous nous comportons dans notre existence avant de chercher à lui fixer un but : parce que l'humain est un être "assez" contradictoire !