mercredi 18 novembre 2015

Il était une foi...


Je voudrais adresser une grosse pensée à toutes les personnes qui ont subi les conséquences d'une foi insoutenable et monstrueuse ayant sévi à Paris, vendredi 13 novembre. À l'appui de cette pensée, voici un petit poème écrit ci-dessous par mes soins à propos de ces événements et de tous les autres crimes commis au nom de cette foi belliqueuse.


IL ÉTAIT UNE FOI...

Il était une foi et en est toujours une
Qui n'a Dieu que contre notre monde infidèle
Au ciel grave et si noir d'arme' à feu dont la lune
Illumine des fous décrochant ces chandelles
Pour allumer leurs mèche' à une heure opportune
Où, comme des canons, des bâtons si mortels,
Leurs coups viendront défier les lois de la fortune
En emportant la vie d'innocents à la pelle.

Mais leur ciel n'est pas nôtre, oiseaux de Liberté
Dont les ailes brisées sous le poids de la peur
Nous retiennent au sol en otages lestés
Du fardeau terroriste abattant le malheur
Sur l'épaule affaissée de ce monde où la paix
N'est plus qu'un souvenir d'une époque antérieure
Où nous pouvions voler, aussi libres que gais,
Dans l'azur étranger à ces nuits de terreur.

C'est ainsi que l'œil chaud de ce ciel pacifique,
Surplombant notre monde et ces actes de guerre,
Se ferma chaque fois que le monstre horrifique
Apparut devant lui qui, face à cet enfer,
Laissa donc de plus belle une nuit maléfique
Tomber comme tous ceux qui ont subi le fer
D'une foi inhumaine aux desseins terrifiques,
Jour treize de novembre à Paris. Paix sur Terre !


Cédric,
Le 14 novembre 2015.

mardi 17 novembre 2015

Patrick Huet (et son poème géant d'1 km)


Bonsoir à vous tous !

La question va peut-être vous sembler curieuse mais... Avez-vous une idée de quel pourrait bien être le poème écrit en vers le plus long du monde ? Je profite de cette interrogation pour vous parler d'un auteur et poète que j'ai découvert quelques jours après mon installation dans la ville des Lumières en trouvant dans ma boîte à lettres un flyer à propos de l'une de ses œuvres, et vraiment pas des moindres. Avant d'aborder cette dernière, je vais d'abord vous présenter un peu l'auteur. C'est parti...

Patrick Huet est un auteur lyonnais d'aujourd'hui à qui l'on doit notamment une vingtaine de romans, des centaines de contes, des livres de tourisme et des carnets de voyage. Mais il est aussi - et surtout, peut-être - un poète ambitieux, passionné et prolifique ayant écrit plusieurs milliers de poèmes au cours de sa vie d'écrivain. À cent lieues de vouloir coller à l'air du temps (un bien grand mot, je le concède, ici) dans le domaine poétique, il semble tenir plus à cœur la forme d'écriture classique, en la cultivant notamment dans cette œuvre unique et monumentale à laquelle j'en viens enfin, maintenant que le poète vous a été un peu présenté.

'Des Parcelles D'Espoir À L'Écho De Ce Monde', dont la création remonte au printemps 2006, est une œuvre de poésie sans égale puisqu'il s'agit d'un seul et même poème écrit au départ sur un rouleau de tissu mesurant pas moins d'1 km de long ! Cela montre déjà le côté unique de cette œuvre, mais vous me direz peut-être : n'importe qui peut bien écrire n'importe quoi/n'importe comment pour encrer un tissu de cette taille ! En vérité, il n'en est rien et ce pour trois raisons liées à la forme du poème :

D'une part, il a été écrit en alexandrins (soit 12 pieds/syllabes par vers) et dans le souci de respecter des règles classiques. D'autre part, il compte exactement 7550 vers (soit 400 pages, dans sa version livre papier). Et enfin, pour couronner le tout, il s'agit d'un acrostiche, à savoir que chaque première lettre de chaque vers forme avec les suivantes - en les lisant de haut en bas - des mots, des phrases, et pourquoi pas le texte intégral de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ? Oui, pourquoi pas, hein ! Car c'est bel et bien le cas, aussi fou que cela puisse paraître. Et le thème du poème étant d'ailleurs l'Histoire et les Droits de l'Homme au cours des âges, il aura bien fallu que l'auteur acquiert une culture assez conséquente afin de pouvoir enfanter de cette œuvre impressionnante à tout point de vue.

Je conclurai ce post en saluant cette entreprise d'écriture à l'intérêt plus que certain, à la fois indépendamment et au vu de tous ces évènements insoutenables affectant, de la façon la plus lourde qui soit, les Droits de l'Homme. Après Homère (VIIIème siècle av. JC) dans l'Antiquité Grecque avec 'L'Iliade' et 'L'Odyssée' comptant plus de 27000 vers ensemble ; après Victor Hugo (XIXème siècle) dans la Modernité Française avec 'La Légende Des Siècles' comptant 25000 vers environ ; voilà donc notre contemporain Patrick Huet qui nous livre, avec 'Des Parcelles D'Espoir À L'Écho De Ce Monde' (7550 vers, donc), une œuvre d'exception dont il ne faudrait pas négliger l'impact culturel. 

Voici le site officiel dédié à cette œuvre de Patrick Huet :

dimanche 11 octobre 2015

La Chasse au Snark (Lewis Carroll)


Bonsoir à tous !

Aujourd'hui, je vais vous parler un peu d'une œuvre, ou plutôt d'un chef d'œuvre, de la littérature anglo-saxonne. Il s'agit de 'La Chasse au Snark' de Lewis Carroll, que j'ai reçu hier et dont j'ai déjà lu plus de la moitié cette nuit. C'est un long poème en vers épique et absurde racontant l'histoire d'un équipage improbable et curieux (vraiment curieux !...) qui s'embarque en bateau dans une aventure maritime. Ils devront en effet se mettre en quête d'une créature à chasser, ce pour quoi ils n'auront que des données douteuses (vraiment douteuses !...). Et cette créature à chasser, qu'ils n'ont auparavant jamais rencontrée, porte un nom : le Snark ; entendu comme un croisement d'escargot (snail), de serpent (snake) et de requin (shark). 
Mais le Snark est-il réellement ce qu'ils ont entendu de lui ? Quel est le sens réel de cette quête et que vont-ils en fait y trouver à la fin ? 
Malgré l'omniprésence de l'absurde au sein de l'œuvre, ce sont des questions qu'on ne manque pas de se poser, ne m'ayant d'ailleurs pas échappé à moi non plus. En d'autres termes, j'aime beaucoup l'originalité du concept et l'humour de cette œuvre qu'il y a tout du long, d'autant plus qu'elle est très agréable à lire.

Bon nombre de traducteurs ont traduit par le passé 'La Chasse au Snark', et pas des moindres lorsqu'on pense à Louis Aragon ou Jacques Roubaud. Mais c'est une autre version que j'ai choisi d'avoir, à savoir celle traduite par Ivan Riaboff qui signe avec cette œuvre son premier travail de traduction. Il s'agit d'une version récemment éditée puisqu'elle est parue fin 2014 aux éditions Baleine. En ce qui la concerne, on peut déjà parler du titre de l'ouvrage, ayant été changé en 'La Chasse au Scrapquin', ce nom reflétant d'une autre façon l'idée que le Snark serait un croisement entre trois bêtes. Ainsi, le Scrapquin serait entendu comme un croisement de serpent, de crapaud et de requin, ce qui déjà donne un avant-goût du jusqu'au-boutisme présent dans l'entreprise de traduction d'Ivan Riaboff. En effet, cette version semble respecter au plus près du sens les contraintes associées à l'œuvre originale : rythme, rimes et autres jeux sonores, jeux verbaux, etc... Du fait que l'ouvrage est en édition bilingue et qu'on peut donc lire le poème en sa langue originale (sur chaque page de gauche), le lecteur peut donc comparer les deux versions et se rendre compte de la qualité et des choix dans la traduction.

Pour finir, je vous invite à présent à lire un extrait (le début) de 'La Chasse au Snark' de Lewis Carroll en sa version originale et puis à écouter l'émission de RadioCampus Paris à partir de 23min 50s, point à partir duquel Ivan Riaboff en invité parle de son travail (et un extrait audio y est par la suite en écoute).


Extrait :

"Just the place for a Snark!" the Bellman cried,
As he landed his crew with care;
Supporting each man on the top of the tide
By a finger entwined in his hair.

"Just the place for a Snark! I have said it twice:
That alone should encourage the crew.
Just the place for a Snark! I have said it thrice:
What I tell you three times is true".

The crew was complete: it included a Boots-
A maker of Bonnets and Hoods-
A Barrister, brought to arrange their disputes-
And a Broker, to value their goods.

A Billiard-marker, whose skill was immense,
Might perhaps have won more than his share-
But a Banker, engaged at enormous expense,
Had the whole of their cash in his care.

There was also a Beaver, that paced on the deck,
Or would sit making lace in the bow:
And had often (the Bellman said) saved them from wreck,
Though none of the sailors knew how.


Emission RadioCampus Paris :


À bientôt, chers lecteurs !


PS : Le poème en trois parties sur lequel je travaille à l'heure actuelle (celui sur le thème du Progrès et que j'ai abordé dans ma publication du 7 août) voit bientôt s'achever la seconde. Il reste encore un travail long et difficile avec la troisième partie ! En espérant pouvoir mener à bien tout ça.

vendredi 11 septembre 2015

Abdelhamid Laghouati (poème + analyse)


Bonjour à vous,

Dans ma précédente publication (du vendredi 7 août), je vous avais informés de la teneur et de l'état d'avancement de mes projets poétiques, et que certaines choses - potentiellement intéressantes pour vous - allaient être ici bientôt partagées. Eh bien, en voilà une :

Je vous propose de découvrir un poète francophone actuel d'origine algérienne, Abdelhamid Laghouati, à travers un poème et une analyse. 
Un poème extrait d'un petit recueil de l'auteur intitulé 'Fleurs de murs', un titre à l'image de sa poésie avec ce goût pour l'entrechoquement de "couleurs" opposées et la torsion du langage, la complexité du sens au profit de l'interprétation et les raccourcis formels qui en disent pourtant longs sur le fond. 
Et donc une analyse effectuée par mes soins dans le cadre d'une étude approfondie de ce recueil de 19 poèmes et qui m'a permis de découvrir toute la richesse et tout l'engagement du poète. Attention toutefois, cette analyse ne se veut pas être l'interprétation parfaite du poème mais elle a été faite dans le souci d'être fidèle au sens que l'auteur a voulu lui donner.

Mais trêve de présentation, voici donc ci-dessous "Parfums" (extrait de 'Fleurs de murs' d'Abdelhamid Laghouati) accompagné de son analyse. En espérant que cela vous intéresse.

À bientôt, chers lecteurs !
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Parfums

Fleurs de murs
lézardées par le vent
humiliées par le hasard
Fleurs de murs
pans écroulés sur des odeurs
de femmes
avec pour péril
l'instinct
Fleurs de murs
déserts trahis
par des traces de
sang
blessures caravanières
aux bivouacs
imaginaires
Fleurs de murs
parfums de solitude
sous l'aisselle de l'artiste.


Analyse :

Les « fleurs de murs » représentent les femmes algériennes liées à une culture qui les emprisonne en un ensemble de contraintes leur collant à la peau. Comme d’épais habits trop serrés, ces « murs » couvrent donc ainsi les « fleurs » que sont les femmes algériennes. Le « vent » qui souffle contre elles est celui d’un faux destin, sous lequel elles sont « lézardées » comme si cela leur infligeait des blessures, à travers ces « murs ». Ce faux destin que la culture algérienne a inventée et imposée aux femmes prend son sens dans la façon dont les hommes leur imposent le respect de mœurs comme des contraintes. Ces contraintes sont les fruits de cette culture et non pas de la volonté divine et d’un destin qui lierait à cette dernière les femmes algériennes. Les femmes algériennes sont donc ainsi « humiliées par le hasard », du fait que leurs blessures liées à ces contraintes imposées ne sont pas nécessaires du point de vue de Dieu (et de l’ordre naturel qu’Il a prévu). 

Les « pans écroulés sur des odeurs de femmes » représentent les contraintes qui pèsent de façon oppressante dans leur quotidien et qui étouffent leurs « odeurs » , c'est-à-dire les parfums d'amour et de liberté qu'elles portent sur elles, au point qu'elles ont fini par n'en plus rien sentir et par en perdre ainsi le sens-même de l'amour et de la liberté, comme le souligne l'expression « avec pour péril l'instinct » .

Les « déserts » représentent ici le calme et la grandeur, qualités qui définissent bien les femmes algériennes aux yeux du poète. Mais c’est tout autrement que celles-ci éprouvent leur vie au quotidien dans leur culture et face aux hommes. Ces « déserts » qu’elles incarnent sont « trahis par des traces de sang », au sens où elles sont si réduites en importance et rabaissées à un rang inférieur qu’elles en gardent à l’intérieur de soi des blessures qui restent toujours vives. Cela remet donc en question la grandeur et le calme des femmes algériennes, que le poète voit comme des qualités qui leur sont propres et fidèles, ce qui est souligné par le mot « trahis » pour dire qu’il y a eu atteinte à cette fidélité de soi. Ainsi blessées dans leur grandeur et leur calme, la souffrance intérieure des femmes algériennes les conduit à se réfugier dans le rêve (impossible ?) d’une vie meilleure pour elles. C’est donc dans les « déserts » qu’elles incarnent que cette souffrance serait donc la représentation de « blessures caravanières aux bivouacs imaginaires », « caravanières » renvoyant donc à "ce qui conduit" et « bivouacs imaginaires » au refuge du rêve.

Ces « fleurs de murs » que sont les femmes algériennes ont, comme nous l’avons déjà abordé dans le second paragraphe, des parfums. Des parfums d’amour et de liberté qui, parce qu’ils ont été étouffés sous les contraintes d’une culture où ces femmes sont insignifiantes, n’ont plus d’autre odeur que celle de la solitude. Ces « fleurs « ont donc des « parfums de solitude » (et la solitude reflète aussi les « déserts » qu’elles incarnent) mais ces parfums sentent si mauvais que le poète (ou d'autres artistes, d'ailleurs), impliqué au plus près dans la cause des femmes algériennes, est touché par cette odeur à tel point qu’il écrit qu’elle sent jusque « sous l’aisselle de l’artiste ».
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vendredi 7 août 2015

Des signes de vie !


Chers lecteurs,

Cela fait quelques mois que je n'ai rien écrit par ici et je tiens donc à m'excuser dans un premier temps de m'être aussi longtemps porté disparu à vos yeux. Mais non, je suis toujours en vie quelque part, ici ou là, devant un écran, dans ce monde ou dans un autre. Et si ce n'est pas par ici que vous me lisez, c'est que j'écris par ailleurs, avec amour et labeur. Ne soyez donc pas inquiets !

Je profite actuellement d'un petit retour au "pays" natal, duquel j'ai migré récemment vers un tout autre monde, bien plus propice à l'activité générale, pour porter jusqu'à vous quelques mots sous ma plume d'oiseau rare. Et je poursuis donc ces lignes en vous parlant de mes projets poétiques en cours et qui j'espère aboutiront, tous ou presque, dans le courant de l'année prochaine. Les voici :

1) Un nouveau poème en vers (en alexandrins, précisément) sous la forme d'une histoire a été commencé pendant les premiers jours de canicule que la France a connus cet été et qui me l'ont inspiré de concert avec le bain - alors bouillonnant - que je prends dans mon nouveau cadre de vie. Ce poème, décliné en trois parties (dans l'idée), traite de l'aventure humaine en laquelle nous marchons vers une "fin" - à la fois fatale et salutaire - sous le joug du Progrès. La première partie et la moitié de la seconde ont déjà été écrites (soit 160 vers en tout environ) et c'est le poème sur lequel je travaille en ce moment.

2) Un autre long poème en vers (et en alexandrins aussi) est en cours depuis longtemps déjà. Il traite quant à lui d'un voyage un peu particulier puisqu'il s'agit d'une aventure fantastique introspective au cœur du monde de l'Âme... Je n'en dis pas plus. Ce poème se décline aussi en trois parties (et en sous-parties) et j'estime aussi en être à la moitié de la seconde, sauf que celui-là compte déjà plus de 300 vers en tout. Je le laisse encore de côté pour le moment, le temps que je finisse le poème ci-dessus.

3) Un nouveau recueil de poèmes a été commencé il y a quelques mois mais n'en compte actuellement que 5 ou 6. Le thème général sera celui qui avait été traité en fond dans 'Décors au creux des Airs', mon premier recueil. Dans le prochain, il sera traité à fond et le thème est donc l'union du Ciel et de la Terre. Il s'étoffera d'autres poèmes au fil du temps, que j'écrirai quand je ferai des pauses dans le cours du poème ci-dessus.

Voilà donc tout ce que je suis en train de faire en ces temps d'absence ! Cela dit, je reviendrai par ici dès que possible afin de partager avec vous quelques choses qui pourraient vous intéresser ! Dans l'attente, vous pouvez toujours vous procurer un exemplaire de mon premier recueil en suivant le lien ci-dessous si vous avez envie de lire un peu ! Merci à vous, bonnes vacances ou bonne continuation à tous ! À très bientôt !

Ici, vous pouvez acheter Décors au creux des Airs.

samedi 2 mai 2015

Ma poésie : La chaîne des Mots


LA CHAÎNE DES MOTS

Les Mots sont les maillons en or d'une chaîne
À laquelle s'attache une âme en détresse
Pour s'arracher aux démons de la Géhenne
Qui l'attirent vers Lui, loin de la prêtresse…

Elle, aimant à tirer par la chaîne des Mots
Cette âme en peine vers Dieu, d’en haut du gouffre,
La sauve, sans qu'elle éprouve un front face aux maux,
De l’emprise démoniaque dont elle souffre…

De cette chaîne infaillible, les Mots sont les maillons d'or
Qui se sont liés à cette âme en ses noirs et froids tourments
Pour la traîner docile au lit de la vie où elle dort,
Enfoncée à mourir sous un pur drap blanc d'enterrement…

Ainsi lovée dans cette divine couverture,
Elle est évincée de la vie vers le rêve d'un ailleurs,
Ce Ciel où elle voit clairement à soi l'ouverture
- À travers ses nues qui fuient - vers un avenir meilleur…

Mais quand parfois, du haut de Son trône infernal,
Il essaie de la défaire de ces Mots liés en maillons,
À l'opposé de cet endroit subliminal,
L'âme, du saint cocon, tombe comme un lourd papillon…

Elle chute alors tout le long de la chaîne infinie
Qui l'accroche là-haut à cet écrin sacré,
Jusqu'à Lui, courroucé par sa naïve ignominie,
Aux profondeurs du Mal où Il rend Son décret :

« Ô toi, âme prisonnière de Dieu dans le fond du Ciel,
Il est encore temps de jeter sur toi Mon dévolu :
Je veux toujours que tu quittes ce lieu artificiel
En lequel tu as tant l’illusion que tu évolues !

Je suis l’être de tous les maux et tu Me combattras
Pour rentrer chez toi victorieux du fond de la Terre.
Dès lors s’achèvera enfin notre précieux contrat :
Mon plaisir, perdu, contre ta peine salutaire. 

Pour cela, retourne à la Terre et observe
Combien le réel est profitable à ta vie.
Ainsi, malgré tout ce que Je t’y réserve,
Tu n’auras plus l’impression que Je t’asservis. »

L’âme, alors, ne sait plus vers quoi se satisfaire :
Les Mots contre les maux ou les maux pour vivre ?
L’esprit au Paradis et le cœur en Enfer,
Elle oscillera sur Terre, errante ou ivre…

© Cédric Rochelet, 2015, Extrait de Décors au creux des Airs





jeudi 16 avril 2015

Ma poésie : Les campagnes publicitaires


LES CAMPAGNES PUBLICITAIRES

Campagnes publicitaires
À l'odeur discrète de blé,
Dont les champs alimentaires
- Radio, presse écrite ou télé -
Sont moissonnés. Ô Déméter,
Reste loin de ces démêlés !
On entend les gens se taire
Comme de bons moutons bêler,
Mais les moulins de la Terre
Tournent : qui veut se rebeller ?

Volons à la folle révolte,
Au grand souffle d'un vent changeur,
Qui briserait dans leur volte
Les pales des moulins majeurs.
Visons cette folle récolte,
Aux canons de nos chants vengeurs
Qui, comme des balles de colt,
Perceraient tous les fronts vanteurs.
Entravons la virevolte
Du blé dans son cycle engrangeur !

Mais les gens, roulés sur les voies
De ces campagnes qui polluent,
Vont se rendre avec ou sans joie,
Par cars entiers de désirs mus,
Dans les magasins de leur choix.
Séduits par les produits promus,
Ils sont attendus comme un roi
Aux mille caisses où leur dû
Nourrit les moulins de plein droit,
Dans lesquels ce blé est moulu.

Cette farine alimente
La vie dans le monde marchand
- Campagnes et lieux de vente -
Pour jeter les moutons marchant
Dans la gueule des loups de rente.
Ils les saignent de leur argent
Qui, par bouchées permanentes,
Poursuit, dans ces moulins mâchant,
Sa chaîne bouclée incessante
À quoi sont retenus ces gens.

Coupons les mains de ces meuniers
Qui nous roulent - dans leur farine -
Où l'on grossit les financiers
Dont la recette est si facile.
Échappons au pénitencier :
Ces champs où l'on paît, docile,
Les tiges du blé ; tant viciés
De campagnardes usines.
Délivrons tous les prisonniers
Que ces campagnes fascinent !

Notre liberté de choisir,
Faculté qu'il faut préserver,
On ne doit la laisser moisir.
En son nom, soyons énervés
Que médias nous ôtent loisir
De nous laisser seuls observer
Ce qui peut nous faire plaisir
Sur place, en toute liberté :
Vouloir, cet immédiat désir
Contre tout média, conserver !

© Cédric Rochelet, 2015, Extrait de Décors au creux des Airs


mardi 7 avril 2015

Ma poésie : Là où l'Ombre était une fois...


LÀ OÙ L'OMBRE ÉTAIT UNE FOIS...

Là où l'Ombre était une fois
Luisait une belle luciole.
Je l'ai suivie au fond du bois,
Au crépuscule des idoles.

Mais la luciole, devant moi,
A disparu comme enlevée
Au fond de la forêt sans foi
Quand j'ai vu l'aube se lever,
Juste après qu'elle m'ait dit : "Vois !"
Puis, tous les arbres élevés
Ont joint, courbés, leur cime, en toit,
Comme un abri pour préserver

Leur sol de ces célestes voix
Que l'air, la foudre et le soleil,
La pluie, la neige, aussi, parfois,
Portent sans parole, en sommeil.
Les dieux sont tus au sein du bois,
Ne parlent plus à mes oreilles,
À mon regard et à ma foi.
Que peut m'offrir un temps pareil ?

Là où l'Ombre était une fois,
Dans cette forêt qui s'étiole
À devenir un temple-roi,
Luisait une belle luciole.

Et ce ténébreux spectre, à quoi
Les arbres ont cru bon de vouer
Leur sol, a auguré la voie
D'un temps sans dieux à me dévouer.
Ce jour a donc point dans la joie
De la forêt au sol dénoué
D'avec le Ciel qui s'apitoie
De n'être ainsi plus du tout loué.

Lui, que supportent comme un poids
Les cimes feuillues de ces arbres,
Est empêché par ce grand toit
D'affecter trop leur sol si sombre.
Il est le Ciel d'un jour en proie
Au grand règne de ces ténèbres,
Qu'Il touche un peu de Ses longs doigts
Mais pas assez contre l'opprobre.

Là où l'Ombre était une fois
Luisait une belle luciole
Ainsi qu'un feu d'espoir flamboie,
Pour garder en vie les idoles.

Et maintenant que tout le bois,
Dans l'aube de ce jour nouveau,
A choisi l'Ombre comme voie
En s'abritant du Ciel si beau,
J'assiste alors en désarroi,
Sur ce grand sol mis à niveau
Pour élever le temple droit,
Au culte obscur de ses travaux.

Gouvernant tout comme un seul roi,
Cette forêt coupée des dieux
N'obéit plus qu'aux mille lois
Qui l'ont déliée des voix des cieux.
Mais j'ai encore au fond de moi
Le souvenir si mystérieux
De l'être cher qui m'a dit "Vois !",
Pour témoigner de maux sérieux.

Là où l'Ombre était une fois,
J'ai osé prendre la parole,
Seul à la barre et face au bois.
Reviendras-tu briller, luciole ?

© Cédric Rochelet, 2015, Extrait de Décors au creux des Airs


samedi 14 mars 2015

Composition de Décors au creux des Airs


Décors au creux des Airs se décompose en 3 parties dont voici le détail :

Partie I : Décors à l'Amour
1 - La marée rouge
2 - Si tu étais un océan...
3 - Mirage d'amour
4 - Mon cœur, où es-tu ?
5 - L'espoir : un mur à la vie
6 - L'amour à la croisée des impasses
7 - Le gouffre
8 - Trésors enfouis
9 - Mène-moi en bateau (sur le flot de tes larmes)
10 - L'ange déchu

Cette partie est relative à l'Amour et celui-là s'exprime en différentes façons d'être vécu. On y trouve ainsi l'amour de la vie comme un but à atteindre et comme un objet de regret nostalgique aussi bien que l'amour d'une femme comme un rêve enchanteur, une source de manque, une présence attendrissante, un urgent besoin à satisfaire ou encore comme un don voulu de soi.

Partie II : Décors à vide de Ciel
1 - Voici l'homme
2 - Mémoire de la Terre : Enfer et Paradis
3 - L'Ignorance incarnée
4 - Les campagnes publicitaires
5 - Là où l'Ombre était une fois
6 - Fuite divine
7 - Les sources de presse
8 - La Bergerie
9 - Dieu (de l'Art...)
10 - Dieu (... à l'Éthique)

Cette partie consiste en des poèmes spirituels et/ou engagés. Elle vise à sensibiliser l'individu à son environnement naturel et humain (médiatique pour certains poèmes), lui ouvrir une voie d'ordre spirituel par laquelle il pourra peut-être accéder à une forme de présence "divine" et se libérer ainsi de tout ce qui, le retenant dans la seule réalité physique, l'empêche de pouvoir s'y ouvrir.

Partie III : Décors rompus à l'Appel
1 - Le miroir du ciel
2 - Le mélancolique
3 - Les quatre saisons
4 - L'esprit : une prison au cœur
5 - La chaîne des Mots
6 - Les charognards de l'âme
7 - Le geôlier de nos corps
8 - Le pays des neiges
9 - Le vol migratoire
10 - Quand le ciel s'est fondu avec la mer

Cette partie est à propos de l'âme et ses dispositions. Elle traite surtout d'une quête de libération, d'évasion et de paix intérieure face à tout ce qui l'emprisonne et la tourmente.

lundi 9 mars 2015

Ma poésie : Mène-moi en bateau


MÈNE-MOI EN BATEAU
(Sur le flot de tes larmes)

Je t'aime, ô toi, femme veule et malheureuse !
Oui, toi qui es si souvent seule et pleureuse...
Je veux m'embarquer sur le flot de tes larmes
À bord du navire de ton triste et froid charme !

Pour aller à l'horizon d'une belle nuit,
Nous suivrons, dans tes tourments océaniques,
La pâle lueur de ce phare au loin qui luit,
Malgré nous deux, en cette houleuse panique.

Je te tiendrai comme la barre de ce navire
Pour maintenir notre cap jusqu'au jour nouveau.
Je ferai tout ce que je peux pour te servir
Et calmer les vagues à l'âme heurtant ton cerveau.

Mais tu te tournes ailleurs comme ce gouvernail
En laissant mon cœur chaleureux à l'abandon,
Et je demeure encore heureux derrière ce corail,
Notre barrière à cause de quoi nous nous perdons.

Je te lèverai comme ces grandes voiles
Pour nous laisser porter au gré du divin vent.
Je t'abriterai de cette pluie d'étoiles
Qui noie ton âme en regret dans sa nuit des temps.

Mais tu restes plantée là comme cette ancre
À me faire perdre tout mon temps à t'attendre,
Et j'espère encore pouvoir me faire un sang d'encre
Pour toi qui plonges sous tes pleurs sans scaphandre.

Pour aller à l'horizon d'une belle nuit,
Nous fuirons, dans tes tourments océaniques,
La vive ombre de ce fardeau qui te réduit,
Malgré nous deux, en cette houleuse panique.

Je t'aime, ô toi, femme veule et malheureuse !
Oui, toi qui es si souvent seule et pleureuse...
M'embarqueras-tu sur le flot de tes larmes
Dans ton navire, avant que sonne l'alarme ?

© Cédric Rochelet, 2015, Extrait de Décors au creux des Airs



mercredi 4 mars 2015

Ma poésie : La marée rouge


LA MARÉE ROUGE

La marée est rouge comme le sang de l'Amour
Qui, par les artères d'une ville au cœur divin,
Coule avec vigueur telle une foule ivre du vin,
Et que rien ne pourra stopper dans son puissant cours :
Ni la Raison, ni le Temps, ni tout quelconque obstacle ;
Aucun ordre établi n'apaisera ce spectacle.
Une révolution permanente au sein du Corps,
De son cœur à lui-même, et ainsi jusqu'à la Mort.

© Cédric Rochelet, 2015, Extrait de Décors au creux des Airs