dimanche 27 mars 2016

La question de l'existence


Chers lecteurs,

Une question s'impose : qu'est-ce qu'exister ? On dit "Quelque chose existe" ou "Quelque chose n'existe pas", mais d'abord... Qu'est-ce qu'exister ? C'est une question embarrassante à côté de laquelle on aimerait bien passer, dans l'espoir d'y mettre un jour un point final au cours de notre chemin. Dès lors, on se rendra peut-être compte que si l'existence était la question, on en aura "été" (au sens d'un vécu) la réponse rien qu'en nous y arrêtant le moins possible. Alors, quand vous vous demanderez s'il faut vous arrêter à cette question, préférez plutôt être à l'instar d'un train express : "sans arrêt jusqu'à destination", c'est-à-dire jusqu'au point final indéfini de l'interrogation... D'ailleurs, Dieu existe-t-il et dans quelle réalité ? Vous aurez compris qu'il est donc vain de s'arrêter sur la question, la réponse étant à trouver dans l'expérience continue de l'existence.

Par ailleurs, on pourrait (presque) rencontrer parfois des gens dont on n'entendrait qu'un seul mot jaillir de leur bouche avec ardeur lorsqu'ils s'adressent à Dieu : "Existe en Ciel !". Curieusement, ce serait peut-être bien souvent ceux-là qui préfèreraient s'en remettre au Ciel pour se rassurer de l'irresponsabilité de leurs actes sur Terre et outrepasser le postulat existentialiste selon lequel c'est ce que l'on fait (nos façons d'exister) qui détermine ce que l'on est et sera (nos façons d'être). "Existe en Ciel !", qu'ils diraient... La Liberté a parfois un si beau visage qu'elle porte un masque pour se cacher d'elle-même, à savoir d'une facette affreuse dans l'expression de laquelle la responsabilité n'est plus qu'un charme rompu par la soi-disant "puissante magie des enfers"...

Ah, les enfers ! Ces lieux dont les rouages et les chaînes nous font - et nous font rester - esclaves de nous-mêmes en ce que l'on est : des êtres soumis à la nécessité de devoir être. Et vu qu'il n'est pas du tout rassurant de se faire à l'idée que ce que l'on est détermine ce que l'on fait et fera, il fallait donc bien vouloir que Dieu existe en Ciel pour pouvoir légitimer notre impossibilité d'exercer librement notre responsabilité sur Terre... N'est-ce pas ? Ainsi, "Dieu nous pardonne(ra) les enfers que l'on éprouve", du haut de son "tribunal de Justice absolument supérieur" au monde d'ici-bas, qu'il soit d'ailleurs indépendant ou miséricordieux en regard de nos affaires. Voilà ce qu'on en vient à se dire et cela nous permet d'être rassurés, quand bien même on fait tellement n'importe quoi sur Terre qu'on met la Vie en péril !

Ainsi, l'existence humaine est un tiraillement permanent entre la nécessité d'agir en fonction de ce que l'on est (par devoir ou par influence) et la nécessité d'être (de telle ou telle façon) en fonction de ce que l'on fait (par vouloir ou par détermination). Et dans ce grand tiraillement se pose donc la question de la responsabilité qui, selon son degré d'implication dans les rapports que l'Homme entretient avec ce qui l'entoure, affecte la valeur de la Liberté, cet ange dont le visage peut se révéler ou gracieux ou disgracieux. Il serait gracieux si la Liberté se caractérisait par la capacité de se mouvoir vers le mieux dans notre être en vue d'améliorer notre environnement, mais le revers négatif de ce visage est qu'on peut tout aussi bien régresser dans cet acte si l'on choisit de négliger notre devoir-être responsable en adoptant le droit d'agir en marge de tout principe éthique ou moral, ce qui le rendrait disgracieux. 

Par conséquent, si la question de l'existence humaine peut se résoudre sans le concours d'une implication "céleste" au vu de l'impact destructeur que cela peut causer dans nos rapports à la Terre, cette question ne peut toutefois se résoudre indépendamment de celle de notre responsabilité, et cela d'autant moins que j'ai montré plus haut à quel point le Ciel peut en fait - et malgré sa propension fabuleuse à y répondre ! - compromettre la résolution du problème existentiel ici posé. Car la résolution d'une question de ce genre est toujours l'aboutissement positif d'un effort visant à répondre à un sujet problématique, ici potentiellement destructeur en l'occurrence (l'agir humain). Il serait donc absurde de penser que le Ciel pourrait résoudre le problème de l'existence humaine s'il permet de dédouaner l'Homme de son indisposition à répondre à l'appel du devoir-être et de l'agir responsables, sur Terre. Mais il est vain de s'arrêter sur la question, la réponse étant à trouver dans l'expérience continue de l'existence... Donc je vous laisse à présent continuer votre chemin. 

À bientôt !

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